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Sympane 7th

Sa Majesté des Mouches

Sa Majesté des Mouches
Titre Genre Acteurs Réalisateur Durée Date
Sa Majesté des mouches Drame psychologique et dystopique Adaptation

James Aubrey

Tom Chapin

Hugh Edwards 

Roger Elwin 

Peter Brook 92 min 1963

 

"Sa majesté des mouches" est le troisième long métrage du metteur en scène Peter Brook. En 1953, ce dernier réalise, en effet, "L'Opéra des Gueux" puis en 1960, "Moderato Cantabile".

Peter Brook
Peter Brook

C'est Peter  Brook qui propose au producteur Sam Spiegel (Lawrence d'Arabie et le pont de la rivière kwai)d'adapter le roman de W.Golding pour un budget infime. Ce dernier ayant déclaré qu'il n'avait besoin que d'une plage, d'un petit groupe d'enfants et d'une liberté créatrice totale.

Spiegel accepte la proposition mais au bout d'un an de tournage, Brook se rend compte que le producteur tente de gonfler artificiellement le budget ce qui entraînera la fin du projet pour Peter Brook parce-qu’il n'y reconnait pas son projet d'origine. 

Il reprend alors le projet de son côté. IL fait auditionner près de 3000 enfants et se rend à Porto-Rico pour tourner le film avec Tommy Hollyman, un chef opérateur novice. Le temps de tournage étant très réduit, se fixant sur les vacances d'été des acteurs, Peter Brook doit faire appel à un 2ème cameraman,son ami Gerry Feil. C'est d'ailleurs lors du montage effectué à Paris que Brook se rend compte qu'il préfère les cadres filmés par Feil.

L'utilisation  d'une deuxième caméra n'a pas pour seul justification des raisons pratiques mais apparaît comme un réel choix artistique du réalisateur qui souhaitait s'éloigner du cinéma de studio.

"Sa Majesté des Mouches" est un film qui prend le temps. En effet, le réalisateur prend le temps de présenter ses personnages, leurs caractères et leur antagonisme. C'est notamment cette exposition des personnages qui donne au film cette atmosphère pesante et malsaine.

Le film ne ressemble ainsi pas à un film d'aventure mais aborde des thèmes réalistes notamment dans le quotidien des personnages qui peut s'avérer brutal notamment dans la hiérarchie qui s'installe au sein du groupe de survivant. Brook met également des grains de sables dans les rouages dans le sens où il montre l'illusion de la société crée par les enfants, enfants qui, en réalité, ne font que céder à leurs pulsions les poussant parfois à s’entre tuer.

Cependant certaines scènes viennent contredire cette idée de réalisme tant elles apparaissent fantastiques et horrifiques.

La scène de la chasse, de la mise à mort puis de la décapitation du cochon traduise bien la fin de ce réalisme annonçant ainsi le début des horreurs et la violence qu'ils déverseront sur certains d'entre eux.

Ces jeunes étant arrachés à leur croyance commence ainsi à créer des lois, une hiérarchie au dessus de laquelle se situe Jack qui deviendra une figure totémique et divine.

A cela s'ajoute alors la formation de deux camps distincts: l'un représentant la folie et la violence où c'est la loi du plus fort qui règne, le camp des chasseurs de Jack et l'autre groupe qui symbolise la raison où une société et une civilisation tente de voir le jour, c'est le groupe de Ralph. 

Ralph à gauche, Jack à droite

Autre symbole, celui des lunettes qui représente la culture par la lecture. Toutefois, ce dernier est brisé dans cet environnement hostile où tout semble guider par l'instinct.

La fin du film avec l'arrivé des membres de la marine traduit ce retour de la civilisation qui vient effacer et sauver les hommes de la sauvagerie.

"Sa Majesté des Mouches" est une oeuvre magistrale qui questionne la nature humaine. En effet, ces enfants de la haute-société (en témoigne leurs uniformes, l'avion qui les transportait) sont tiraillés entre la sauvagerie, poussant à l'humiliation et même l'élimination des plus faibles, et la civilisation qui induit l'idée de règle et de respect de l'autre.

Il faudrait être bien aveugle ou bien décidé à ne pas voir, pour nier que l’état de Civilisation, par conséquent l’état de Paix, envahit l’état de Sauvagerie, par conséquent l’état de Guerre, avec le lent empiétement d’une tache d’huile sur du papier.

La Philosophie de Georges Courteline - Georges Courteline

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